Dans les coulisses du film — « Éthiopie : Le berceau du café »
Écrit par Fraser Morton | 29 septembre 2025
|3 mins | Bacha Coffee
Voyagez avec notre réalisateur au cœur d’une aventure captivante à Sidama et Yirgacheffe, sur les traces des origines et des saveurs des plus grands cafés du monde.
L’avion à hélice s’élève d’Addis-Abeba et vire vers le sud, ses moteurs frémissant dans l’air raréfié. Bien en dessous, le patchwork de toits en tôle de la ville laisse place à d’infinies plantations d’eucalyptus, puis à l’immense étendue de la vallée du Rift. Un passager voisin se penche par-dessus l’allée, un sourire aux lèvres, comme pour partager un secret.
« Tu vas venir chez moi, » dit-il, « tu vas adorer. Sidama est un véritable paradis sur Terre. »
Par la petite fenêtre, la vallée s’étend, vaste et millénaire. Les lacs captent la lumière du matin, scintillant comme du verre, tandis que les crêtes se superposent, telles des vagues monolithiques d’ocre figées dans le temps.
La descente vers l’aéroport de Hawassa est soudaine. Une étroite bande de bitume s’étire entre le lac éponyme et les collines environnantes. Des pêcheurs se tiennent en équilibre sur de frêles pirogues de roseau, leurs filets étincelant d’argent, tandis que des enfants agitent la main depuis la clôture au moment où les roues touchent le sol. Voici Sidama, l’une des régions caféières les plus réputées au monde, et notre destination pour la semaine à venir, où nous tournons le premier film d’une nouvelle série sur l’origine des cafés les plus emblématiques : Bacha Coffee — Voyages à la Source. Bienvenue au Chapitre 1 : Éthiopie, le berceau du café. .
À Sidama et Yirgacheffe, le café se lit comme une archive vivante, inscrite dans le paysage, attisée par les feux et célébrée dans la tasse. Les jours passèrent au rythme des cafés partagés. Imprégnés de l’hospitalité et le savoir-faire des cultivateurs.
À la découverte du berceau du café
Le café est bien plus qu’une simple denrée en Éthiopie. C’est un véritable mode de vie. Après tout, l’histoire du café commence quelque part dans ces paysages. Selon la légende, au IXᵉ siècle, dans les forêts d’altitude de Kaffa, un chevrier nommé Kaldi observe ses animaux s'agiter après avoir consommé d’étranges cerises rouges sur un arbre sauvage. Les chèvres bondissent et dansent toute la nuit, incapables de dormir, raconte la légende. Intrigué, Kaldi goûte lui-même le fruit, et ainsi le café et ses propriétés magiques entrent dans l’histoire de l’humanité.
Aujourd’hui, le café est l’un des rituels les plus répandus du monde. Après l’eau et le thé, c’est la boisson la plus consommée sur la planète, avec des milliards de tasses préparées chaque jour. Et pourtant, ses racines se trouvent ici, dans ces hauts plateaux, où les premiers grains ont été récoltés et bouillis. Aujourd’hui encore, le café continue de pousser sur des pentes très semblables à celles où les chèvres de Kaldi erraient autrefois.
En traversant les villages et longeant les routes, nous voyons des femmes accroupies sur les braises, remuant les grains qui sifflent et crépitent dans des poêles en fer. Une fumée douce de grains torréfiés s’élève dans l’air, se mêlant à l’âcre parfum de l’encens. Des enfants se rassemblent aux portes et agitent la main à notre passage.
À l’intérieur des maisons, dans les haltes et les cafés de bord de route, la cérémonie du café est célébrée par tous. Nous nous asseyons avec nos hôtes sur de petits tabourets, le temps ralentissant au rythme des versements et des gorgées, des silences entre les mots et des éclats de rire qui résonnent dans la pièce. Ici, le café se savoure en compagnie. Un geste partagé entre amis et en famille. Chaque service devient un rassemblement, une réaffirmation des liens entre voisins, amis et inconnus dans ce pays magnifique.
Nous pénétrons au cœur de Sidama, l’une des plus grandes régions caféières d’Éthiopie, reconnue dans le monde entier pour son Arabica de haute altitude. Le café constitue l’épine dorsale de l’économie locale, le travail qui soutient la plupart des foyers. Des champs d’enset, la fausse banane qui nourrit une grande partie du sud de l’Éthiopie, poussent aux côtés du maïs, de l’orge et du blé. Le bétail pâture sur les collines, mais c’est le café qui fait rayonner le nom de Sidama bien au-delà de ses frontières.
Sidama : un paradis sur Terre
Nous sommes sur la route depuis cinq heures, secoués par les autoroutes et chemins inachevés à bord de notre 4x4, qui nous éloigne de Hawassa et nous enfonce profondément au cœur des montagnes de Sidama.
La route serpente plus haut sur le plateau de Sidama. La pluie balaie les champs par rafales soudaines, avant de laisser place à un ciel d’un bleu éclatant. Les collines se déploient voilées de brume, tandis que la terre rouge diffuse l’odeur âcre du fer et de l’eau, alors que nous avançons toujours plus profondément au cœur du pays du café.
Les caféiers prospèrent dans ce climat. Leurs branches regorgent de cerises rouges qui brillent comme des joyaux précieux au milieu du paysage verdoyant et montagneux. Les cultivateurs se déplacent avec assurance entre les rangs, des paniers accrochés aux épaules, leurs mains sont rapides et habiles. Leur travail est silencieux, régulier et posé, rythmé par la connaissance intime des saisons, de la terre et des méthodes de récolte du café.
Nous assistons au processus de lavage et de séchage naturel du café. Nous rencontrons les cultivateurs et les coopératives locales, entendons les histoires du terroir et du savoir-faire, et sommes accueillis comme des amis partout où nous passons. Nous traversons des villages aux maisons ouvertes, apercevant des poêles flamboyantes où les grains brunissent et crépitent. Des tasses nous sont offertes sans cérémonie, mais chacune porte la chaleur et l’hospitalité dont cette région est célèbre. En effet, tout le voyage témoigne de la manière dont les visiteurs étrangers sont reçus avec ouverture, curiosité et bienveillance.
Notre voyage se poursuit vers Yirgacheffe
Au sud de Sidama, le paysage devient plus escarpé, ombragé par de grands arbres, et le goût du café évolue avec elle. À notre arrivée dans la ferme de Yirgacheffe, notre première tâche est une étape importante pour nos hôtes comme pour nous : goûter une tasse de café.
Nous nous asseyons sous le feuillage, de petites tasses posées sur nos genoux, tandis que la brise fait onduler les champs et que la vue s’étend longuement sur une vallée à l'allure mystique. Nous savourons notre vue sur ce paradis généreux alors que le soleil de couleur orange descend doucement dans le ciel. La délicatesse du café se reflète dans le soin apporté par ceux qui le cultivent, avec des notes précises de jasmin, d’agrumes et de miel, offrant à tout voyageur fatigué un accueil chaleureux. Le boire, c’est goûter le paysage lui-même.
À Sidama et Yirgacheffe, le café est une archive vivante, inscrite dans les champs, dans les feux et dans les tasses. Les jours s’écoulent au rythme des cafés partagés. Nous absorbons tout, la culture, l’hospitalité et le savoir-faire du café. Nous observons et documentons tout ce que nous pouvons lors de notre voyage à la source de l’agriculture caféière éthiopienne.
À la rencontre du savoir-faire
Sélectionner le café n’est pas une mince affaire. Cela implique de se rendre là où les cerises poussent, de rencontrer les cultivateurs dans leurs champs et de partager des tasses dans leurs maisons, d’apprendre comment les récoltes sont ramassées, comment les grains sont lavés et comment les communautés vivent avec le café au cœur de leurs journées. Ce travail concerne autant les liens humains et le commerce que les saveurs.
C’est la raison pour laquelle nous sommes venus à Sidama et Yirgacheffe avec nos caméras. Pour documenter le processus directement, pour suivre le voyage de l’Arabica depuis les hauts plateaux jusqu’au reste du monde. Les grains ici descendent des routes sinueuses, franchissent des cols, passent des points de contrôle et traversent des marchés bondés avant d’atteindre Addis-Abeba. De là, ils entament leur route vers l’extérieur, jusqu’à Marrakech, où Bacha Coffee les torréfie, puis jusqu’aux tables et aux tasses du monde entier.
Les saveurs sont célébrées, les épices, le cacao et les notes florales surprenantes, mais derrière elles se cachent des histoires de terre, de travail et de déplacements. Si les grains pouvaient parler, ils raconteraient comment ils ont été cueillis, torréfiés et transportés sur les routes jusqu’à leur destination.
Après seulement cinq jours, il est temps de revenir au lieu d'origine de Bacha Coffee, Marrakech, pour terminer notre premier film. Mais ce n’est que le début de Voyages à la Source. L’Éthiopie ouvre la série. Plus loin nous attendent le Brésil, le Costa Rica et d’autres horizons. Pourtant, le souvenir de ces tasses dégustées à l’aube dans les hauts plateaux de Sidama reste un rappel de là où tout a commencé.